Imaginons d'abord comment l'évolution d'internet a amené à créer Pearltrees.

Il y a beaucoup de pages web sur internet. Toutes n'ont pas forcément la même pertinence, et certaines ne sont même pas reliées aux autres par des liens. On crée donc des moteurs de recherche qui vont indexer le web (visible). De nombreux moteurs de recherche sont créés, mais peu survivent et trouvent une audience. Ceux qui restent sont de plus en plus gros et puissants. À leur tête se trouve Google.http://www.fdn.fr/Internet-libre-ou-Minitel-2.html

Cependant, il n'est pas bon que le choix de ce qui est accessible ou non et de l'importance des contenus soit dans les mains d'une seule entité commerciale (ou quelques unes). On décide donc de donner le contrôle aux utilisateurs (faisant d'ailleurs réapparaître une partie du « web invisible »). C'est ce que fait par exemple OpenDirectory.

Mais il faudrait que ce soit plus social, alors on crée des sites de social bookmarking, très nombreux aujourd'hui. Vu la masse d'informations générée, on a le choix entre des algorithmes de recherche à l'intérieur des données des utilisateurs, des communautés restreintes à intérêts communs ou des « gourous » qui trouvent pour d'autres qui se contentent de suivre). Oui, mais le classement par étiquettes (tags), ça n'est pas forcément idéal, et si c'est pour retomber dans les algorithmes arbitraires…

No problémo, Pearltrees permet de créer des trames logiques allant d'une page à l'autre suivant la logique d'un utilisateur. Le lien social est plus perceptible puisqu'il s'agit de raconter des histoires et pas simplement de balancer des liens au hasard. Le fait d'afficher une joli graphe (un peu à la Kartoo) est sympa, mais c'est vraiment le côté « ajouter un sens personnellement » qui est intéressant ici.

C'est bien joli tout ça, mais il y a un petit problème, ça reste du minitel 2.0

Pearltrees n'utilise pas le web sémantique et n'est pas ouvert (sur l'extérieur et à ses utilisateurs). Le site lui même est construit dans un format fermé, adobe flash®, ne propose ni sources ni API. Or, utiliser flash, c'est prendre de gros risques en terme de compatibilité. Adobe a, dans le passé, négligé de fournir une version 8 de flash pour linux, et il semble difficile de fournir une interface acessible (aux non voyants par exemple) en flash sans avoir à faire de grosses modifications. Il n'est pas possible de lier un compte Pearltrees à d'autres services web sociaux (par exemple via OAuth) ni de s'identifier avec un service externe comme OpenID. La navigation sur des sites externes se fait à l'intérieur du site et n'utilise pas les informations sémantiques qui peuvent exister (RSS, microformats…).

D'autre part, toutes les données sont concentrées sur les serveurs de Pearltrees, sans possibilité de sauvegarde et sans possibilité d'export (tout ce qu'on a, c'est un bout de javascript qui affiche une icône avec un lien vers la carte sur Pearltrees). Pearltrees se place en opposition à Google qui serait la détenteur du pouvoir absolu de décision, mais ici les données sont concentrées chez Pearltrees et la mise en forme de celles-ci se fait selon ses choix. Pourquoi ne pas donner la possibilité d'exporter les cartes en XML (XML Topic Maps, flux atom…) et rapidement utiliser un framework javascript pour comme le fait OpenLayer (ou le Google Map API) pour les cartes géographiques ?

Le caractère social de Pearltrees s'arrête aux frontières de son site. Dommage pour un service qui se veut web 2.0. Il n'utilise que les informations de ses utilisateurs et pas celles des webmasters (web sémantique) ou d'utilisateurs d'autres services sociaux (OpenSocial, interopérabilité).

En me relisant, je vois que mon principal reproche fait à Pearltrees est qu'il n'est pas libre. J'ai vraiment l'impression qu'un projet qui veut redonner le pouvoir aux utilisateurs doit avoir une/des licences libres. Cependant, si Pearltrees s'ouvrait dans un autre esprit plus « informatique dans les nuages », ça serait déjà un progrès énorme.